3 novembre 2013
Vit-on une nouvelle révolution photographique ?
Cette semaine je suis passé à la Fnac pour tester un objet photographique pour le moins intrigant. Sony a annoncé depuis quelques mois la sortie du QX10 et du QX100, des objectifs reliés à un smartphone à travers le wifi. Quand je lisais les caractéristiques de cette évolution intéressante du marché de la photo numérique je me demandais s’il ne s’agissait pas là d’une nouvelle voie à l’une de mes passions professionnelles.
J’ai eu la chance de vivre plusieurs époques de la photo, tombé dedans depuis tout petit, en faisant même pendant une période, un de mes sujet d’étude, puisque j’ai passé une bonne partie de ma licence d’arts plastiques avec ce média comme seul compagnon de création. J’ai ensuite enseigné quelques années la photo à travers des ateliers de prise de vue et de développement…
Mon premier appareil photo était un Instamatic offert par mon père alors que je devais avoir 12/13 ans. J’ai retrouvé quelques tirages d’une balade au Chateau de Versailles dont je vous passerai le caractère artistique plus que laborieux. Mon père avait un petit labo de développement qu’il installait le week-end dans la salle de bain de notre petit appartement. Vous me direz, la salle de « bains à ablution »s devenant salle de « bains de développement argentique », il n’y a pas de quoi être choqués. J’ai encore des souvenir d’enfance avec l’odeur des bains de révélation et la magie de voir apparaître les visages familiers au fond d’un bac plastique de couleur verte.
A l’âge de 17 ans je me suis offert mon premier reflex, un Canon qui aura été mon esclave pendant de nombreuses années, diapos, noir et blanc, couleurs, mon magasin de développement de quartier m’aimait beaucoup (je ne veux même pas savoir les fortunes en tirages que j’ai pu y laisser). J’ai ensuite eu la chance de découvrir le tirage noir et blanc et les longues heures passées à la lueur de la lumière rouge. Je dois dire qu’avoir la capacité de modifier, améliorer et valoriser ses clichés a toujours été pour moi l’un des facteurs de créativité que j’affectionne le plus dans la photo.
Vint ensuite la découverte d’un scanner et de Photoshop, et les fantastiques opportunités qui s’ouvrait alors. Bon, faut dire qu’à cette époque, un rendu mettait plusieurs heures a être effectué et que les sorties imprimantes coutaient chères tout en étant de piètre qualité. Mais le numérique montrait déjà les avancées prometteuses que nous avions à connaître. Je n’aborderais pas ici le débat des sois-disants puristes qui refusent les retouches, le recadrage, les effets, etc… je m’y attarderais dans un autre article.
Mais revenons à l’objet de cet article, l’introduction d’une nouvelle forme de prise de vues.
Pour moi j’ai vu passer 4 grandes ères dans ma petite vie de photographe:
1. la prise de vue et la patience: oui il nous fallait attendre plusieurs jours pour découvrir le résultat de nos prises de vues (bon ok je ne parle pas des polaroïds…)
2. la retouche « post prise de vue »: pour les aficionados du labo, cette possibilité, bien que limitée offrait déjà l’opportunité d’améliorer ses photos, voire même de créer de nouvelles compositions, mais l’avènement du scanner et de logiciels de retouches permis de faire de la photo numérique un véritable nouveau média créatif. Découper, coller, ajuster, sortait des métiers « manuels » pour devenir des outils numériques… Viendraient ensuite les tablettes graphiques, qui reprendraient les codes des outils artistiques (pinceaux, crayons, etc…). Le mélange des médias graphiques, ajoutant la photo allait ouvrir la voie aux infographistes, designers digitaux et autres maîtres de la retouche.
3. la photo numérique en temps réel: avoir enfin la possibilité de prendre autant de photos qu’on veut et n’avoir que l’embarras du choix de la meilleure prise directement sur son appareil, offrant ainsi l’opportunité de réessayer et de manière outrancière… Mais la retouche se fait encore plus tard, sur son ordinateur, pour peaufiner le résultat. Nous avons vu fleurir les applications de retouches, des plus simples aux plus poussés, permettant de se contenter d’ajuster, recadrer, éclaircir, ou de retoucher complètement… je vous laisse admirer cette vidéo qui en donne d’ailleurs un petit aperçu.
– la retouche live: avec l’arrivée des smartphones et de leurs applications, nous en sommes venus a prendre en photo directement avec des effets… avec bien sûr plus ou moins de réussite, tout le monde sais aujourd’hui faire du « pola » ou du HDR avec son téléphone; ça en est même devenu galvaudé … mais toujours est-il que cela ouvre de nouvelles opportunités.
Cette dernière ère est aujourd’hui encore contrainte par les capacité des smartphones, pas forcément équipés de bons objectifs… mais c’est quasiment tout ce qu’il leur manque, un bon diaphragme et des lentilles qui tiennent la route. Même si on veut nous faire croire qu’il suffit de mettre un 42 mp dans un téléphone pour jeter nos reflex volumineux. On voit d’ailleurs les hésitations des constructeurs historiques d’appareil photo lorgner vers les applis mobiles, et les constructeurs de smartphones désireux de s’introduire dans le monde fermé de la photo de qualité… Les différentes incursions sont encore loin de donner satisfactions aux photographes exigeants, mais la solution est-elle de se contenter de mettre une couche androïd à un APN ? C’est donc avec curiosité que je suis allé testé le QX100, qui semble sur le papier un bon compromis entre les deux mondes. Je vous passerais l’ignorance accablante de mon interlocuteur, mais au bout de quelques tâtonnements je réussi a synchroniser mon iphone 4s et l’objectif de Sony. C’est assez amusant de voir le décalage entre l’objectif et le viseur (l’iphone) un peu comme si on sortait un oeil de son orbite et qu’on pouvait continuer de voir, a bout de bras 😉
Je n’ai pas eu le temps d’aller vraiment plus loin, il semble obligatoire d’utiliser l’application « Play Memories » de Sony et donc de se priver de la seule fonction qui me paraissait utile: pouvoir utiliser n’importe quelle application photo sur cet objectif (mais peut-être est-ce possible, voire le sera dans de prochaines mises a jour). Je vous laisserai découvrir de vrais test ci-dessous, mais j’ai constaté de nombreux plantages de l’application (qui doit être mieux gérée sur un smartphone Sony je suppose). A l’heure actuelle, c’est juste impossible a utiliser en remplacement d’un APN ou même de son smartphone, mais ça devrait s’améliorer (ou pas).
Mais alors, assiste-t-on à un nouveau genre de gadget inutile ou à une véritable révolution photographie ? C’est là que je pense qu’il reste encore des améliorations à apporter, pour que cela ne soit plus juste gadget, et faire vraiment évoluer notre mode de prise de vue. En effet, la limite des APN est la rigidité de leurs logiciels internes, déjà obsolètes à peine sortis, et de l’autre coté, les Os tels qu’androïd ne sont vraiment pas adaptés à l’usage photo, qui nécessite rapidité, ergonomie spécifique, autonomie, etc… La solution est surement à la convergence des deux mondes, à savoir la création d’un Os destiné aux APN, avec un appStore également adapté… Le constructeur qui se lancera dans cette aventure fera certainement un bon bout de chemin pour l’avancée de la photo.
Imaginez équiper n’importe quel appareil photo des capacités offertes par un Os dédié (voire simplement une adaptation spécifique d’androïd, comme on peut le voir sur les TV, etc…). On pourrait alors s’équiper, sans avoir besoin de choisir des heures parmi des caractéristiques sans fin, à la fois sur l’aspect « mécanique », mais aussi sur les caractéristiques logicielles de nos APN. Bien qu’il ne sera peut-être jamais vraiment nécessaire de faire toutes les retouches directement sur un tout petit écran, avoir la capacité de prendre des photos avec des effets sympas, et de les partager rapidement pourrait s’avérer très intéressant. Et si demain nous pouvions créer nos propres effets photoshop temps réel, histoire de pas avoir les mêmes photos Instagram que le moindre quidam… Ou un vrai HDR, avec un véritable objectif , ou faire de la vidéo HDR de super qualité. Et nous ne parlons pas ici de l’autonomie qu’on pourrait espérer de ce type d’appareils; bref, vous pouvez imaginer ce que pourrait apporter ce type d’avancées…
Après les smartphones, les phablettes, les caméraphones, verrons-nous bientôt apparaître des smartcameras, capables de la qualité espérée par les amateurs éclairés, trop vite limités par le manque de gestion de l’ouverture, de la vitesse d’obturation, de véritables objectifs, de maîtriser la profondeur de champs tout en ayant accès à d’autres capacités offertes par l’imagination de développeurs d’applications, de la plus efficace à la plus ludique, sans devoir lésiner sur la qualité… il ne reste donc plus qu’à imaginer l’interface qui offrira ces lettres de noblesse à la future génération d’appareil photos intelligents.
Tests des premiers appareils photos androïd:
Test du QX100: une idée géniale mais (presque) inutilisable