Michael Bechler

17 novembre 2019

Gilets Jaunes VS UX Design

Ah la révolte, ce petit côté romantique et nostalgique… à trop regarder la version hollywoodienne des Misérables on croit forcément qu’on est les plus à plaindre au monde et que ça mérite bien de retourner le pavé.
 
On vit une époque formidable… une époque où il y a plus de mecs avec des iPhones qui filment les manifs que de gens qui tiennent le piquet. Ensuite c’est le concours du meilleur montage et de la diffusion massive. Et à partir de ça on subodore tout et son contraire… bon c’est pas mieux côté BFM on est d’accord, qui se placent comme un radar, là où on est sûr de choper de l’image choc. Les rues adjacentes avec des mecs qui marchent ça n’intéresse personne. Le plus affligeant dans toute cette histoire c’est la schizophrénie de chacun, tu as d’un côté les mecs qui bavent à longueur de journée sur BFMTV mais qui n’espèrent qu’une chose c’est d’y être interviewé… et quand un mec un peu anti-système y passe on hésite pas à partager en masse. Y’en a même qui filment leur écran de TV !!!! Non mais faudrait savoir à la fin, si c’est de la merde pourquoi tu regarde ??? Et puis pourquoi tu partage, soit cohérent 2 minutes !
 
Bon toute cette histoire nous montre qu’on est arrivé au bout du modèle non ? Alors on fait quoi ? A l’ancienne ? On bousille tout et on redistribue …. ahahaha je me marre. Et c’est les gilets jaunes qui vont s’en occuper ? Le peuple ??? Mais lesquels alors, ceux qui ont dénoncé les migrants de la cuve ? Ceux qui appellent au lynchage ou ceux qui obligent à être d’accord avec eux pour passer ? “Tu met ton gilet jaune sinon tu passe pas” ça ressemble pas un tout petit peu à “tu fais le salut nazi et on te laisse tranquille” ?
 
Tout ça me rappelle curieusement un truc que j’avais lu sur Mélanchon qui faisait parti de ceux qui avaient théorisé la révolte pour prendre le pouvoir, un truc bien rodé du côté du Venezuela… “il faut tout conflictualiser” disait-il. L’objectif ? Conquérir le pouvoir, voilà tout. “Transformer un peuple révolté en peuple révolutionnaire.”
 
Alors, une fois de plus, je vais redire ici que je suis conscient que ça va mal, que bien des gens sont au bout du rouleau. Je vais pas nier l’évidence de nos politiques complètement déconnectés de la réalité. Les mecs ont des “salaires de ministres”, le simple fait d’avoir une expression pour ça devrait être un signe… et donnent des leçons sur les fins de mois difficiles. La bonne blague.
 
Notre Président me semble plein de bonnes volontés mais est aujourd’hui confronté à un gros problème qu’on connaît bien nous les designers: l’expérience utilisateur. Navré d’en revenir à ce que je connais, mais, quand un produit ne se vend plus, c’est peut être pas parce qu’il est mauvais, mais parce que l’usage a évolué. Et si on se remet pas en question on finit pr traiter l’usager d’imbécile n’y comprenant rien. Alors qu’en fait, il suffirait de se rapprocher de nouveau un peu plus de celui qui est sensé l’utiliser pour se rendre compte de l’origine du problème. Il avait pourtant pas si mal commencé, en créant son mouvement Em Marche, c’est d’ailleurs comme ça qu’il a réussi a “disrupter” le système. Mais une fois élu, j’ai l’impression qu’il est revenu aux vielles méthodes, oubliant que c’est pas au stade du prototype qu’on lance la production massive. Non, il y a encore plusieurs étapes, des allers-retours auprès des usagers, des corrections, de l’écoute, de la remise en question, des correctifs. Mais ces corrections ne se font pas depuis les bureaux d’études, ils se font sur le terrain. Et parfois, le chef designer, il va mettre les mains dans le cambouis, il fait tomber son costard et il va au contact, il pourrait même passer un peu de temps avec l’utilisateur le plus éloigné de la cible de base, pour évaluer tout le spectre des enjeux du produit.
 
Et si le fabricant se remet pas en question à temps, un petit designer, à l’écoute, va imaginer le produit idéal, le construisant dans son petit atelier, le faisant tester à droite et à gauche, recueillant de plus en plus d’utilisateurs, lançant sa petite campagne de crowdfunding, et qui sait, un jour, reprenant la fabrique de l’ancien leader du marché qui s’est laissé dépassé par les nouveaux usages.
 
Dans toute cette illustration, c’est pas en détruisant l’usine du fabricant qui n’est plus à l’écoute des usagers qu’on invente un nouveau modèle, c’est en construisant, petit à petit une nouvelle manière de faire mieux, plus intelligemment, modestement.
 
Donc si j’avais un jour l’occasion de donner un conseil à nos chers élus, c’est, plutôt que de théoriser la startup nation en ne prônant que son premier degré, remettez toutes vos certitudes au placard et venez sur le terrain valider vos hypothèses !
 
Pour les consultations je suis disponible tous les après-midi 😉

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