Confinement et confrontation de l’ancien et du nouveau… qui a raison ?
Voilà, un mois vient de passer, confinés… ce mot qu’on a tous désormais eu l’occasion de prononcer ces derniers temps, alors que peut-être jamais auparavant nous n’avions eu besoin de le mettre à notre vocabulaire. Un mois. Jamais auparavant nous n’avions eu une telle opportunité, jamais auparavant nous n’avons été confrontés à une telle réalité. Oh, on avait bien vu des films, lu des récits de science-fiction, on a peut-être même écouté des conférences Ted, ou autre, mais jamais, on aurait pensé vivre ça. Vous ? Moi oui, mais pas là, pas en 2020, non moi j’imaginais ça d’ici une dizaine d’années. Mais pas maintenant.
Je viens de lire un texte qui parle de moi. Un journaliste de la vieille école, que j’ai eu l’occasion de côtoyer, d’apprécier même. Même si le texte n’est pas flatteur à mon égard il a le mérite de mettre le doigt sur un point fondamental, qui m’obsède depuis des années: la remise en question. Je me rends compte aussi que malgré la fougue avec laquelle parfois j’essaye de partager des idées, je ne m’exprime pas suffisamment bien, à la condition bien sûr, que l’interlocuteur en face de moi soit honnête dans la transcription qu’il en fait. Mais ça lui seul pourra faire cette auto-analyse.
Il évoque dans son texte ma « dévotion » pour le trans humanisme, une belle preuve d’incompréhension. Ce n’est pas parce que je suis subjugué par le sujet, que j’ai essayé d’en comprendre les rouages, que j’en suis un adepte, bien au contraire. Par contre, refuser de voir ce qui se trame, mépriser ne serais-ce que l’idée, c’est justement accepter une forme de cécité dangereuse. Il est surtout compliqué de faire le tour de la question autour de trois carpaccios échangés à la va-vite sur un coin de table. Et puis, je ne suis surement pas la personne la mieux qualifiée pour en parler. Ca m’apprendra. Moi qui pensais que nos échanges étaient destinés à nous faire entrevoir d’autres façons d’appréhender le monde. Si j’avais su que je servirais à justifier un discours binaire, du vilain technophile face au peuple et aux miséreux qui sauvent des vies tous les jours.
Par contre, et je penche plutôt pour cette partie de notre histoire, il est vrai que la séquence « Gilets Jaunes » m’a valu pas mal de maladresses, non pas vis-à-vis des besogneux, comme moi, qui venons de la petite classe, qui avons écopés, saigné, ramé, galèré, pour avancer et obtenir une illusion de liberté et d’indépendance. Non, je me suis mis à dos tous ces intellos revanchards, en mal d’existence et de reconnaissance, faisant croire qu’ils étaient du côté du peuple, juste en crachant sur ceux qui osaient leur donner un reflet un peu trop précis de leur hypocrisie. Ah oui ça j’ai pu en lâcher des projectiles verbaux sur les « jaunes » bas de plafonds, ceux qui relayaient la moindre fake news non vérifiée, ceux qui se retrouvaient dans les messages haineux et conspirationistes (le Covid-19 les ayants réveillés semble-t-il). Là encore, c’est les petits esprits qui me font hérisser le poil, ceux qui n’ont aucune capacité à se remettre en question, et qui s’agglutinent à ceux qui vont dire tout et surtout n’importe quoi pour étayer leur pensée limitée.
Bref, j’ai été flatté par ce journaliste, flatté de savoir que je lui ai laissé un souvenir impérissable en à peine trois échanges. Flatté mais désolé aussi, parce qu’il m’aura fallu plusieurs années pour tomber sur un semblant de réponse à nos différents. Bloqué du jour au lendemain parce qu’un peu trop titillé sur des sujets d’une banalité risible, poussé à bout comme je sais si bien le faire, de façon insupportable, j’en conviens. Mais surement pas à cause de nos vrais échanges, en tout cas, la politesse aurait voulu qu’au moment où je suis devenu « franchement gonflant », on s’en explique. Bref, contrairement à lui, ça m’a touché, mais c’est mon côté sentimental Je m’en suis remis, jusqu’à aujourd’hui…